Christine Quach

Cure thermale, douleurs pelviennes chroniques et vaginisme

Ceci est mon témoignage personnel concernant la cure thermale en gynécologie réalisée à Luxeuil-les-Bains. Cette cure m’a été prescrite dans le cadre de mes douleurs pelviennes chroniques et de mon vaginisme. J’espère que ce récit pourra contribuer à mieux faire entendre ce que certain·es patient·es vivent dans certaines structures censées nous soigner.

Dès le premier jour de cure, j’ai été confrontée à un comportement choquant de la part de l’infirmière référente. Je lui ai expliqué que l’introduction de la canule serait douloureuse voire impossible avec mon vaginisme. Elle m’a littéralement répondu, « Il faut forcer pour que ça rentre dans le vagin. Si ça ne rentre pas, il faut insister. ».

Ensuite, elle m’a demandé de mettre moi-même de la vaseline sur la canule stérile, encore dans son emballage fermé. Donc, je devais ouvrir un dispositif stérile, le contaminer en le manipulant, puis l’introduire dans mon vagin ! En pleine cure gynécologique, avec tous les risques d’infection que cela comporte, c’est un non-sens médical. J’ai exprimé mon étonnement et mon malaise. L’infirmière m’a regardée de haut et m’a lancé sur un ton sec, « Si vous ne supportez pas ça, c’est que vous avez un problème psychologique. ».

Elle haussait le ton alors que je n’ai jamais élevé la voix. Mes larmes l’ont visiblement agacée. Elle s’est positionnée comme « agressée » par ma tristesse. Comme si le simple fait de pleurer remettait en question son autorité.

Je me suis sentie humiliée, invalidée, et profondément seule dans ce lieu censé m’aider à «  »aller mieux. Il n’y a eu aucune écoute, aucune bienveillance, aucune adaptation de la part de cette soignante, seulement une logique de « forçage » et de culpabilisation. Elle m’a dit très clairement « C’est ça ou rien. ».

Tout au long de la cure, l’infirmière a continué de m’adresser la parole comme si de rien n’était. J’ai continué à me taire, comme tant d’autres femmes. Celles à qui on dit que « la douleur, c’est dans leur tête », ou encore « Si vous ne vous pliez pas à nos exigences, vous n’avez rien à faire là. ».

Les soins gynécologiques reçus lors de cette cure

Le constat est simple : le personnel de cet établissement n’est absolument pas formé à l’endométriose, au vaginisme, aux douleurs pelviennes chroniques. Le discours tenu est souvent culpabilisant, erroné et parfois dangereux.

  • Le soin à la canule :
    On m’a répété « Il faut forcer pour que ça rentre dans le vagin », même quand j’expliquais que ce n’était pas possible. La canule est certes fine, mais extrêmement rigide. Une fois l’eau activée, cela donne une sensation très intrusive, comme un sexe très fin en érection, qui reste douloureux à l’intérieur. On me disait de me détendre, comme si tout cela se jouait dans la tête. Pourtant, à force de forcer comme on me l’a suggéré, j’ai fini par réussir à la placer 7 fois en 3 semaines… Je me retrouve aujourd’hui avec un vagin gonflé, inflammé et très douloureux.
  • Le bain dit « relaxant » :
    Il s’agit d’un bain de 15 minutes avec des jets puissants censés détendre. J’ai vécu cela comme une torture mécanique. Mes douleurs se sont amplifiées à cause des jets d’eau. Rien n’a été adapté et modulé en rapport avec ma pathologie. J’ai été plongée dans un « soin » standardisé, inadapté à mes douleurs. Là-bas, c’est la même « prise en charge » pour tous·tes peu importe la pathologie, les symptômes et les douleurs de chacun·es.
  • La douche au jet :
    Ce soin censé être encadré s’est transformé, pour moi, en feu de forêt lancé à bout portant. Je me suis donc retrouvée debout, face à une soignante qui n’a pas réagi quand je lui disais que la pression était trop forte. Elle s’est rapprochée de moi à moins d’un mètre, projetant le jet directement sur mon ventre déjà douloureux. Alors que je criais de douleur, elle continuait. Tout le travail que j’avais accompli pendant deux semaines avec la soignante précédente (en poste depuis 23 ans) a été anéanti en une seule matinée. Ce soin ne doit jamais être violent et douloureux. Il s’agit normalement d’un filet d’eau doux, pas d’un jet de « karcher » sur une zone inflammée. Pour mes quatre derniers jours des aménagements ont été mis en place. Une autre soignante m’a été attribuée. Le soin est redevenu supportable et respectueux de mes douleurs.
  • Le cataplasme :
    En gynécologie, on a droit à un seul cataplasme pour plusieurs douleurs. Il est déplacé plusieurs fois lors du même soin. C’est à moi de négocier pour en avoir un deuxième, selon les jours. Ce n’est ni normal ni acceptable, surtout pour une pathologie multi-localisée comme l’endométriose.
  • Et le reste :
    Aucun massage, aucune prise en charge complémentaire, aucune animation ni espace de parole. On passe, on subit, on se tait. Voilà l’ambiance.

Bilan de cette cure thermale

En début de cure, suite aux agissement de l’infirmière, j’ai écrit à la direction des thermes pour signaler ces propos et sa prise en charge violente. Je n’ai jamais reçu de réponse. Silence absolu …

En fin de cure, j’ai appris que cette infirmière n’a reçu qu’un simple rappel à l’ordre, car « Elle part à la retraite fin novembre ». Cela ne justifie rien. C’est anormal. Ce n’est pas anodin. C’est inacceptable.

Le mot de la fin

Je tenais à faire part de mon expérience parce qu’elle me semble emblématique de ce que vivent de nombreuses femmes dans leurs parcours de soins (endométriose, douleurs pelviennes, etc). Il faut que la société écoute nos voix, surtout quand les institutions ne le font pas.

J’ai l’espoir que mon témoignage puisse nourrir les actions des associations comme SFENDO, appuyer d’autres récits, ou contribuer à faire bouger les lignes. Ce que je vis n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Tant que ces pratiques continueront d’être tolérées dans des centres dits « de soins », nous continuerons à élever nos voix ! Dans ce monde, le mot « soin » ne veut plus rien dire.


Un témoignage écrit par Christine Quach pour SFENDO.

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